Dans l’article reprenant les bases sur l’Ayurvéda (consultable ici), nous avons rapidement abordé la question centrale de l’alimentation. La médecine ayurvédique considère l’alimentation comme un médicament à part entière, qui intervient dans la prévention et la curation des maladies au même titre qu’un traitement traditionnel.
Le régime alimentaire traditionnel ayurvédique est basé sur différents principes, que nous allons voir ensemble. Certains sont logiques, d’autres demandent plus d’organisation. Le plus important en Ayurvéda n’est pas de tout respecter parfaitement et à la lettre, mais d’impulser une direction, un sens aux actes que nous posons. Chacun agit en fonction de ses possibilités, de sa santé, de ses priorités.
L’Ayurvéda accorde une place centrale aux épices, qui sont considérées comme des aliments à part entière. Ce sujet étant très vaste, je vous proposerai très bientôt un article dédié. Aujourd’hui, nous allons parler du prana, des produits mis en avant dans le régime ayurvédique, mais aussi du lacto-végétarisme.
Si je fais ce que je puis, je fais ce que je dois.
Pensées et proverbes wolofs (1825)
Le prana
Prana est un terme sanskrit qui n’a pas de traduction exacte. Il pourrait être résumé par la notion de « souffle vital« . Il est très présent dans la culture traditionnelle indienne, qui lui attribue un sens quasi sacré. Par exemple, les yogis indiens parlent du pranayama pour évoquer les exercices de respiration qui permettent de prendre conscience du corps et d’entrer dans un état de pleine conscience. C’est le prana qui alimente tous les organes vitaux et permet au corps et à l’esprit de fonctionner.
Cette notion est également très présente en médecine ayurvédique. Dans tous les aliments consommés, il faudrait retrouver un maximum de prana, afin d’apporter ce souffle vital dans le corps. Il stimule le feu digestif, appelé Agni, qui se charge ensuite d’envoyer les nutriments utiles dans les organes, et d’évacuer les autres. Le prana se trouve principalement dans les produits « vivants » : les fruits et légumes frais, les céréales complètes, les légumineuses et graines germées, les produits laitiers frais, non pasteurisés.
Pour reconnaitre rapidement les produits végétaux qui en contiennent le plus, il suffit de se poser la question suivante : Si je plante cet aliment, va-t-il pousser ?
Si la réponse est positive, comme pour un fruit ou une graine, alors vous consommerez du prana en le mangeant. Sinon, il sera bénéfique d’ajouter dans votre menu des aliments qui en apportent plus.
Le prana n’est pas comparable à une notion occidentale. Il n’est pas lié aux vitamines ou aux minéraux, et un produit ne contenant pas de prana pourra tout de même apporter des nutriments utiles pour le corps. Par exemple, de la farine achetée en sachet ne contiendra plus de prana (si vous la plantez, rien ne poussera), mais elle apportera tout de même les nutriments présents dans le blé, comme les fibres.
Pour les indiens, le prana est ce qui nous maintient en vie, au sens physique comme spirituel. Si nous arrêtons de respirer, nous mourons physiquement, mais si nous ne consommons que des aliments ayant perdu leur prana, nous mourons à l’intérieur et nous n’avons plus d’énergie vitale.
Produits complets ou raffinés ?
Commençons d’abord par un rappel sur les aliments complets et raffinés. Un aliment est dit complet lorsqu’il contient encore l’enveloppe de son grain, le son, qui lui donne souvent sa couleur brunâtre, et le germe, qui contient l’essentiel du prana. Lorsque ces deux éléments sont retirés, l’aliment est dit « raffiné ». Les aliments complets contiennent plus de nutriments et de fibres que les raffinés, et sont plus consistants.
De façon générale, l’Ayurvéda recommande la consommation d’aliments complets, non traités et issus de l’agriculture biologique. En effet, lors des épandages de pesticides, c’est sur l’enveloppe que le produit se dépose, et elle est consommée dans les aliments complets.
La consommation de céréales et légumineuses complètes permet d’absorber plus de prana, car le germe est toujours présent. Agni est stimulé et mobilise le système digestif, ce qui améliore la digestion et assure l’élimination des déchets pour donner plus d’énergie au corps.
Cependant, le plus important en Ayurvéda est d’écouter son corps et ses signaux. Certains systèmes digestifs (notamment celui de Vata) sont irrités par une digestion trop stimulée et ont tendance à sécher, jusqu’à la constipation. Les nutriments ne seront dans ce cas pas assimilés de façon satisfaisante. Une consommation de céréales raffinées permet alors de moins solliciter Agni, tout en absorbant les nutriments apportés.
Il appartient donc à chacun(e) de favoriser les aliments complets dans la limite de ce qu’Agni peut chauffer. Si vous sentez des ballonnements, des douleurs abdominales, ou des difficultés en allant à la selle, essayez d’incorporer des éléments raffinés dans votre alimentation. Dans tous les cas, je ne peux que vous recommander de consulter un thérapeute ayurvédique, qui saura identifier avec vous les causes possibles, ainsi que les remèdes appropriés.
Le lacto-végétarisme
Le régime alimentaire ayurvédique quotidien est dit lacto-végétarien. Il préconise de consommer uniquement des produits végétaux, des produits laitiers et du miel. Les indiens accordent historiquement une place sacrée à l’animal, pour des raisons à la fois économiques et idéologiques.
Peu d’indiens avaient les moyens de s’acheter de la viande, et lorsqu’un animal vivait au sein d’un village, il fournissait plutôt du lait, qui permettait de nourrir plus de personnes sur une durée beaucoup plus longue. De même, les deux principales religions natives de l’Inde (le bouddhisme et l’indouisme), considèrent les animaux comme sacrés et en interdisent la consommation (hors cadre rituel).
L’alimentation ayurvédique n’est pas végétalienne, car les thérapeutes ont très rapidement identifié l’importance de la vitamine B12, contenue principalement dans les produits animaux. Les produits laitiers sont les seuls aliments ne nécessitant pas de tuer un animal, avec le miel.
Le miel est un produit précieux en Ayurvéda. Il contient une grande quantité de nutriments variés et de vitamines qui lui confèrent des vertus thérapeutiques très puissantes. Afin de ne pas laisser le corps s’habituer à sa consommation, et pour ne pas le gaspiller, le miel n’est consommé que comme médicament, seul ou ajouté à d’autres ingrédients.
Comment l’adapter à nos modes de vie occidentaux ?
A la lecture de cet article, Peut-être avez-vous pensé : « C’est très bien ce régime, mais je travaille, je n’ai pas le temps d’aller chaque jour au marché, à la ferme, je ne peux pas cuisiner frais à chaque repas ! »
L’Ayurvéda n’est pas une secte qui imposerait des principes à suivre à la lettre. Elle tente d’apporter des conseils, des orientations pour maintenir un équilibre, un bien-être général. Chaque personne est libre de consommer en fonction de ses envies, de ses besoins et de ses possibilités.
La cuisine ayurvédique est riche et complète. Elle doit s’adapter à votre prakriti (constitution ayurvédique), à vos éventuels déséquilibres, au climat, aux allergies… Nous sommes toutes et tous différent(e)s, et ce qui conviendra à l’un(e), ne fonctionnera pas sur l’autre. Seul(e) un(e) thérapeute ayurvédique saura vous aiguiller de façon sérieuse et cohérente.
Si cet article vous a plu, n’hésitez pas à le partager, à commenter !
Je crois que je vais mettre tous tes articles dans mon onglet « à retenir » dans mes favoris ^^
J’aimeJ’aime