
Le printemps commence doucement à pointer le bout de son nez, les bourgeons fleurissent, les premiers fruits reviennent sur les étals des marchés, et les articles sur la « détox printanière » fleurissent dans les magazines (surtout féminins, soyons honnêtes).
La détox, telle que décrite par les magazines, n’existe pas. Le foie n’a, normalement, pas besoin d’être « détoxifié » puisque c’est sa fonction principale. C’est lui qui détoxifie l’organisme ! Cependant, avec nos modes de vie sédentaires et stressants, et souvent une alimentation riche en graisses, en sucres, en alcool et en toxiques divers, il peut parfois être surchargé et avoir des difficultés à travailler correctement.
Pour cela, je vous recommande d’éviter les prises d’artichauts, radis noirs et autres ampoules détox sans un avis professionnel, car selon votre état de vitalité, cela peut empirer votre état ! Il existe tout de même une plante qui permet d’aider le foie tout en le protégeant. Vous me voyez venir ? Il s’agit évidemment du chardon-marie !
Ses origines
Utilisé depuis plus de 2000 ans en Europe et en Asie, le chardon-marie (Silybum marianum) était qualifié de mauvaise herbe à cause de sa pousse spontanée et très résistante. Il se retrouve encore aujourd’hui majoritairement sur le pourtour méditerranéen et dans les pays du Maghreb, de l’Europe, et de l’Asie de l’Ouest, car il aime particulièrement les endroits secs et ensoleillés et ne pousse plus au-dessus de 700 mètres d’altitude
Il peut pousser dans certains jardins mais se trouve beaucoup plus facilement dans les champs non cultivés ou sur les bordures des sentiers et se reconnait facilement grâce à ses petites taches blanches sur ses feuilles.
Ses effets
Le chardon-marie est utilisé depuis des centaines d’années et ses vertus étaient déjà bien connues des médecins occidentaux comme asiatiques. Dès le 19e siècle, on utilisait le chardon-marie pour tous les troubles du foie, du rein, de la rate, les calculs biliaires et les problèmes de menstruation.
Le chardon-marie est la graine qui contient le plus de silymarine (4 à 6%, dont 70-80% de flavonolignanes et 20-30% de composés polyphénoliques oxydés), qui peut être isolée des autres substances actives.
La silymarine a la capacité de modifier la structure de la membrane du foie, le protégeant ainsi de la pénétration de substances toxiques (alcool, médicaments, toxines, pesticides, etc.). En étant moins agressé, le foie peut alors réaliser son travail de détoxification de façon plus efficace.
Elle diminue certaines réactions inflammatoires qui seraient provoquées par les cellules immunitaires présentes dans le foie. Son effet anti-oxydant aide également à réguler tous les processus inflammatoires et à favoriser la circulation et donc l’élimination des toxines liées.
Récemment, ces effets ont également été observés sur des cellules de rein.
Le chardon-marie a également des effets positifs sur la digestion et particulièrement sur la constipation, il est décongestionnant et accompagne certains protocoles contre les règles douloureuses ainsi que dans certaines pathologies qui impactent le foie.
En Ayurvéda
Selon l’ayurvéda, le chardon-marie est une plante rafraichissante, qui va donc augmenter Vata si elle est prise en trop grande quantité ou de façon régulière. Il faudra alors la coupler avec une épice ou une plante plus chauffante comme la cannelle, le gingembre ou l’ashwagandha selon les cas.
Elle a un effet réducteur de tissus (stambhana karma) et agit principalement sur Rasa-dhatu, le plasma.
Utilisation et contre-indications

Dans le chardon-marie, rien ne se perd ! Ses fleurs sont utilisées en tisanes, ses racines en décoction et ses graines sont séchées.
Le chardon-marie se trouve également en teinture-mère, en gélules et en ampoules. En cas d’une cure de soutien du foie, on évitera la teinture-mère qui contient de l’alcool.
Le dosage : 400 mg par jour de silymarine (attention ce n’est pas la même chose que 400 mg de chardon-marie) si utilisé en cure « détox », 200 mg par jour pour soutenir, à prendre 15 à 30 min avant les repas.
Si votre foie semble très chargé (douleurs, nausées, fatigue post-repas), commencez de façon progressive pour éviter l’apparition de crampes abdominales.
Le chardon-marie a peu de contre-indications, mis à part certains traitements spécifiques (des médicaments antiallergiques sédatifs (Phénergan, Primalan, Quitadril, Théralène, par exemple), le métronidazole (un anti-infectieux, par exemple dans Flagyl, Birodogyl ou Rodogyl), des médicaments antipsychotiques (par exemple Haldol ou Dipipéron) ou la yohimbine (Yocoral, Yohimbine Houdé)).
Il est également fortement déconseillé en cas de crise de calculs, ainsi qu’aux femmes enceintes et allaitantes.
Avez-vous déjà testé le chardon-marie ? Le voyez-vous plutôt comme une mauvaise herbe ou au contraire comme une ressource précieuse de nos jardins ?